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Un bon valet

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Les médias nous inondent de reportages sur la corruption dans le joyeux univers des municipalités. Tel maire a fait fortune en privilégiant une compagnie de construction. Tel ingénieur a renfloué son portefeuille en acceptant de petites enveloppes bourrées de gros billets. Un monsieur apparemment respectable blanchit ses millions dans des paradis fiscaux. Tel élu doit son élection à des billets de banque bien placés. La liste est longue de gens pas très honnêtes. Leurs manigances sont d’autant plus déplorables qu’ils se graissent à même la caisse publique, les biens qui proviennent de l’ensemble de leurs concitoyens. Des biens qui, par conséquent, ne serviront pas à améliorer le sort de leurs compatriotes.

Jusqu’ici, la liste des méfaits se limite au monde municipal ou presque. On commence à découvrir de pareilles saletés à d’autres paliers de l’administration publique. L’appât du gain est une séduction qui essaie de convaincre les plus forts comme les plus faibles.

On avait l’impression que de pareilles malhonnêtetés ne se trouvaient que dans les pays lointains.  Les chefs d’état dans certaines régions du monde se constituaient de gigantesques fortunes en pigeant dans les poches de petites gens. Nous étions scandalisés et admirions notre «saine» démocratie qui ne s’abaissait pas à commettre de telles fraudes. Notre naïveté en a pris pour son rhume. Nous déchantons.

En soi, l’argent est une bonne chose. Nous en avons besoin pour vivre décemment. Pour sortir de la pauvreté, il nous faut en produire davantage. Pour la réalisation d’une société juste, il faut créer de la richesse. «Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité.» (VATICAN II, Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps, n. 69)

«Entre les mains de tous», dit le concile. «Équitablement», précise-t-il. Tous et chacun doivent pouvoir profiter des richesses que tous et chacun produisent d’une manière ou d’une autre. Avec en plus un équilibre dans la place qu’occupe l’argent dans notre vie personnelle et collective. Il ne doit pas nous séduire au point de se présenter comme le bien suprême. D’autant plus que le bonheur, le vrai, porte sur bien autre chose que notre portefeuille. C’est l’amour ou l’amitié que nous partageons avec nos proches. C’est la naissance d’un enfant, sa croissance, ses talents et ses réussites qui annoncent un bel avenir. C’est un travail qui nous épanouit. C’est le développement de valeurs qui nous tiennent à cœur.

L’argent, à sa juste place, doit donc servir au développement de biens qui lui sont supérieurs. Il ne doit pas dominer. Comme l’affirme un proverbe anglais, «L’argent est un bon valet et un mauvais maître». À ne jamais oublier!

Denis Gagnon o.p.

Ce billet paraît aussi sur Spiritualité 2000


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